Vulnérabilité et inégalités : Ebola et le système de santé de Sierra Leone.

May 01, 2017 By:
  • Fond-Harmant L
  • Goetzinger C
  • Adohinzin C
  • Sankoh O
  • Kandala NB.

Depuis l’avènement de l’épidémie Ebola en décembre 2013, l’Afrique de l’Ouest a été la région la plus touchée avec 11 315 morts sur 28 637 cas recensés. Les victimes se concentrent à plus de 99 % sur trois pays transfrontaliers : la Guinée, la Sierra Leone et le Libéria. La Sierra Leone regroupe le plus grand nombre de cas : 14 122, avec près de 4 000 morts (3 955) suivi du Libéria (4 809 décès pour 10 675 cas).
Cet article s’inscrit dans une réflexion qui interroge la distribution spatiale du système de santé (soins, prévention et urgence) afin de combattre les inégalités sociales de santé. Il cherche à répondre aux questions suivantes ; comment se définit le système de santé en Sierra Leone ? Compte tenu des différences socio-culturelles, du niveau de développement économique et des données environnementales entre les régions du Nord et celles du Sud, que dire du degré de développement des services de santé d’une région à l’autre ? Quels liens entre inégalités de localisation du système de santé et territoires, et quelles répercussions pendant la crise Ebola ?
Pour éviter la reproduction du processus facteurs d’insuffisance et de dysfonctionnement observé dans les pays du Sud, ce texte cherche à sensibiliser les acteurs décideurs et les professionnels de la santé en Sierra Leone ainsi que les partenaires du développement au niveau international.
Cet article explore l’aspect épidémiologique du virus Ebola sur la population la plus vulnérable des enfants qui représente 47 % de la population et plus de 50 % des décès en Sierra Léone : notre étude se base au départ sur une variation territoriale de la pandémie dans les différentes régions du pays. Elle s’appuie sur les données sanitaires sierra léonaises. On sait que ces dernières sont inégales selon les régions.
Du point de vue politique, un National Ebola Response Centre (NERC) a été créé par le gouvernement sierra-léonais en relation avec les 14 districts et particulièrement ceux de la région Nord. Des mesures individuelles et collectives de protection au contact des malades et des cadavres ont été mises en œuvre. Un travail sur l'amélioration de la mise en quarantaine a été entrepris. Les messages adressés à la population et aux professionnels ont porté sur l’apaisement des craintes de transport en ambulance, l’information relative à la sécurité du chlore et aux dispositions prises dans les établissements d'Ebola.
Notre travail repose sur le recueil et l’analyse de deux types de données : les données du système de santé et les données épidémiologiques sur les cas et décès. Les données proviennent du Ministère de la santé sierra-léonais et des rapports des organismes onusiens financeurs du développement des structures de soin, comme l’UNICEF.
S’agissant des données épidémiologiques, nous avons réalisé un focus sur l’évolution de la maladie chez l’enfant. En effet, près de la moitié de la population au Sierra Léone (42 %) est constituée de jeunes de moins de 15 ans. Pendant la crise Ebola, le ministère de la Santé de la Sierra Leone a tenu un inventaire de la population présentant des symptômes et admise dans les différents hôpitaux. Le Ministère a procédé aussi à l’enregistrement des décès. Nous avons eu accès à ces données relatives aux enfants, elles regroupent la période de novembre 2014 à mars 2015.

2017 May. Notes techniques.(30):70-74.
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